Présentation de Jocelyn Ann Campbell à la CMM lors de la consultation publique sur le projet d’Oléoduc Énergie Est de TransCanada, le 23 septembre 2015
Je retrouve avec plaisir plusieurs de mes anciens collègues que je salue. J’ai pris la décision de témoigner devant ce comité de la CMM parce que la question environnementale me préoccupe beaucoup, comme beaucoup de mes concitoyennes et concitoyens et je pense que mon expérience de conseillère municipale pendant huit ans peut servir.
Je rappelle, pour que personne ne l’oublie, que nous n’avons aucun pouvoir sur la décision que prendra l’Office nationale de l’énergie et que le Québec n’en a pas plus. La seule force qu’il nous reste pour nous faire entendre, c’est de mobiliser les citoyennes et les citoyens.
Je pense que la décision est déjà prise de construire l’oléoduc. Je le dis sans faire de procès d’intention, mais parce que cela va de soi qu’elle soit déjà prise.
Les milliards investis dans les sables bitumineux et le pétrole qui y est produit à tous les jours commandent que cette énergie sorte à tout prix, par oléoduc, de la province productrice qui ne peut la transformer ni la consommer.
Il y aura oléoduc s’il n’en tient qu’aux investisseurs. Comme les É-U refusent de le laisser passer, comme la CB refuse de le laisser passer, la seule porte de sortie est à l’Est. Et comme il y a déjà un oléoduc de construit qui sera inversé, il semblerait logique que d’en construire un deuxième ne soit pas si grave aux yeux de plusieurs.
Alors devant un enjeu économique d’une telle envergure, je me suis posé la question : est-ce que le point de vue des élu-es de la région de Montréal sera entendu même s’ils représentent 82 municipalités qui regroupent près de trois millions de citoyens?
Je vais être franche et je ne veux pas vous faire ombrage, mais j’en doute. D’autant plus qu’il n’y a pas unanimité chez les élus-es de la CMM. Des villes se sont prononcées pour, d’autres municipalités contre, et quelques-unes, comme Montréal, sont d’accord à certaines conditions.
Devant cette situation embêtante pour les élus et les citoyens, je pense que nous devons faire comme les élus municipaux le font devant des projets qui soulèvent des objections dans leur quartier, à savoir organiser un référendum.
Considérant les enjeux sur le plan de l’économie, de la santé et de l’environnement;
Considérant que ces enjeux concernent toutes les citoyennes et tous les citoyens;
Considérant que nous devons faire jouer le poids du nombre si nous voulons être entendus :
Je propose que la CMM organise un référendum sur le territoire de la CMM afin de permettre à tous et à toutes de s’exprimer sur le transport des produits pétroliers.
Quant à la recommandation que la commission fera parvenir à l’exécutif de la CMM au terme de ses travaux, je souhaite résumer et étoffer ma position telle qu’annoncée dans mon court mémoire qui vous a été envoyé.
Je veux d’entrée de jeu affirmer qu’il y aura des déversements de produits pétroliers si le projet se concrétise. Nous le savons, ça va couler, c’est certain. Il n’y a pas de risque zéro en cette matière. La seule question qui se pose est de savoir où y aura-t-il des déversements, quelle quantité de pétrole sera déversée dans la nature, et peut-être, à quel rythme se produiront-ils au fil du temps.
Le sens de la demande de l’Office nationale de l’énergie est de vous inviter à bonifier le projet, afin de limiter les dégâts, qui nous le savons, vont se produire. À partir du moment où vous jouez le jeu de la consultation, que vous le vouliez ou non, vous donnez votre accord au projet. Vous acceptez à l’avance de prendre votre part de responsabilité le jour où il y aura un déversement, et il y en aura plus d’un, nous le savons.
Pour toutes ces raisons et pour beaucoup d’autres que les experts vous exposeront sans doute, je vous demande de proposer à la CMM le rejet du projet de construction d’un oléoduc dans la région métropolitaine de Montréal.
Dans la perspective où il y aurait un référendum, la recommandation que ferait la CMM à l’ensemble des citoyennes et des citoyens serait celle de refuser le projet d’Oléoduc Énergie Est de TransCanada.
Je vous remercie de votre attention et je vous souhaite de fructueuses discussions.