Climats et fractures, quatre tableaux

Ci-joint, les quatre derniers tableaux qui sont en quelque sorte la conclusion à ma fresque Climats et fractures. Mes personnages ont pris de la couleur, et leur environnement est toujours aussi instable.

Il y a dix ans, Nelly Arcan (À ciel ouvert, 2007) nous offrait ces lignes sur les changements climatiques…

Jamais le soleil n’avait paru plus près de la Terre qu’en ce jour-là. Il faisait même peur à voir, donnait l’impression de s’être agenouillé, prosterné sur le corps de Montréal en géant débile qui méconnaît sa force.

Depuis quelques années, Julie était tourmentée par le climat, par la température qui n’était plus seulement un sujet de conversation mais une expérience quotidienne, inquiétante à la longue parce que derrière se profilait l’emballement, ce galop de destruction.

Un jour elle écrirait un scénario sur ce que les gens ont à dire de cette nature qui ne suit plus les mécaniques horizontales et solidement ancrées dans la lenteur de son évolution, cette nature qui, au contraire, a décroché de ses hauteurs pour aller dans le sens du bas, qui a rompu avec la distance et qui, sait-on jamais, finira par s’asseoir dans la vie des hommes et devenir le centre de leurs pensées en tant que clémence ou naufrage, se réappropriant le caractère divin qu’elle a déjà eu, et qu’on lui a ravi. C’est important de le dire tout haut, pensait Julie.